Daphne Corregan
Terres mêlées
« Je me cache derrière le beau, il rend les choses moins effrayantes. »
Déclaration étonnante pour une artiste contemporaine ! La tendance actuelle est plutôt de se cacher derrière le laid. La beauté n’a pas bonne presse, notre époque ne l’épargne ni ne la privilégie !
Cependant certains(es) résistent, Daphné Corregan est de celles-là menant sa recherche dans l’immobile et le silencieux d’objets qui pour être familiers n’en sont pas moins hors du commun. A force d’être regardés ils perdent leur banalité, ils s’écartent des chemins battus de l’habitude et prennent une liberté d’expression qu’on ne leur connaissait pas. Ils se métissent en quelque sorte et se créent un espace où ils ont le loisir de se surprendre eux-mêmes.
Daphné Corregan est une femme du monde qu’elle parcourt depuis des années les yeux grands ouverts et les mains tendues, à la recherche des connexions secrètes qui lient les différences sans les abolir. Elle crée ainsi des terres mêlées de ses émotions et la richesse de ses rencontres.
Ses objets parlent des humains et de l’usage qu’ils en font, ils vivent en groupe, en couple ou en solitaire. Quelque soit le cas ils pratiquent l’art de la conversation. Chez Daphné Corregan on ne sent pas de hiérarchie entre eux, tous sont importants et nécessaires.
La matière et sa couleur viennent à l’appui de la forme, de sa taille, de l’espace créé. Tout est question ici de communication et de complicité intérieure.
Terre fumée, grès, raku, porcelaine, simples traits ou arabesques florales, sont comme des vêtements stricts ou sensuels partageant le monde à part égale entre masculin et féminin. La couleur se partage de la même façon en restant sourde et délicate ou en introduisant un certain désordre par sa brutalité parfois radicale.
Rien dans l’art de Daphné Corregan n’est arbitraire, l’observation n’est jamais loin de l’imaginaire et si ses nuages semblent sortis d’un rêve d’enfant, leur blancheur mate est presqu’humide. Ils passent sous un crâne pour ressortir cerveaux et ils enflent de toutes les pensées contenues. Les têtes petites et jumelles sinon siamoises peuvent se séparer et grandir jusqu’à sembler détachées d’une statue colossale qui de ses yeux fixes regardent vers un horizon sans limite. Les unes et les autres ne sont pas personnifiées, ce sont les variations sur un même genre, des objets parmi les objets, qu’ils soient contenants, maison, espaces ou têtes.
Daphné Corregan les décline dans tous leurs états et les pose simplement aux murs, au sol, sur des tables ou des socles comme des offrandes sur les marches du temps.
Sabine Puget, mars 2016
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Daphne Corregan
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http://www.daphnecorregan.com
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