Fabien Clerc
S’il est une recette qui marche quasi systématiquement pour comprendre le travail d’un artiste, c’est celle de se demander ce qui est important, ou ce qui lui importe. Mais les exceptions confirment les règles, dit-on. D’abord, visuellement, les œuvres de Fabien Clerc sont quand même difficiles à décrire. Elles attaquent sur esthétique pop jusqu’au fluo. Mais suggèrent aussi le psychédélisme criard. Puis il y a la céramique, proche de l’artisanat ou de l’art vernaculaire, qui impose un mélange de respect très technique et des « ratés » révélant un amateurisme savamment calculé. Enfin, on découvre que les formes ont rarement leurs usages d’origine. Fabien Clerc serait-il un grand professionnel de l’intuition ? Non, car il n’est pas de ces artistes qui ne veulent pas ou ne savent pas parler de leur travail mais exprime une logique évidente dans la construction des assemblages qui composent ses pièces. Mais alors, entre anachronismes et syncrétisme culturel, qu’est-ce qui est important dans le travail de Fabien Clerc ? D’abord, il nous rappelle que la fête et la transe sont importante car, bien au-delà du simple divertissement, elles s’inscrivent dans la lignée des pratiques collectives et performatives qui lient le corps et l’esprit. Plus récemment, il évoque avec poésie et regard critique la construction identitaire individuelle contemporaine. Du Bénin à la Colombie, il s’approprie le chamanisme comme un code de lecture du psychédélisme version occidentale, géographiquement et temporellement. Deux résidences récentes : Bogota, 2014 et Port-au-Prince, 2017 orientent le travail de Clerc dans des réflexions et questionnements autour des différentes formes de décolonisation et de réappropriations culturels.